100 JOURS À SÉNÉ

Voilà un peu plus de 100 jours que j’ai été nommé par notre évêque au service de la paroisse de Séné. Comme le temps passe vite !
100 jours pour découvrir d’abord de nouveaux visages, car l’Église n’est pas d’abord une institution, mais le corps du Christ fait d’hommes et de femmes qui marchent ensemble vers le Royaume de Dieu, animés par l’Esprit Saint. Ce sont toutes ces personnes qui m’ont accueilli, à commencer par le père Georges-Henri, que je veux remercier en premier lieu : un bonjour, un sourire, quelques mots échangés à la sortie de la messe pour faire connaissance, et déjà un bout de chemin fait ensemble pour le service de la communauté. Je sais pourtant qu’il me faudra beaucoup de temps pour retenir tous les noms à mettre sur ces visages, j’en demande pardon à l’avance.
J’ai découvert ainsi une paroisse vivante, diverse, familiale, avec son caractère ! Il y a les habitants du bourg, ceux de la presqu’ile, et ceux du Poulfanc (dont je suis), et aussi les vacanciers de  passage. Et si les paysages sont différents, il n’y a pas de frontière mais surtout une richesse par la diversité de l’histoire des gens du pays et des nouveaux venus et, précisément, la foi et  l’engagement au service du bien qui rassemble au-delà des différences.
C’est d’ailleurs un point qui me frappe, dans la paroisse de Séné, plus encore que dans beaucoup d’autres paroisses ailleurs : cette diversité des différentes sensibilités qui s’exprime
particulièrement dans la préparation et l’animation de la liturgie, sans tension ni hostilité. Cela tient sans doute à cette coexistence des origines, mais aussi à la bienveillance du père Georges-Henri qui sait faire confiance en vrai pasteur, sans que son bâton de berger ne se transforme en gourdin sur les têtes qui dépassent ! Plutôt en chef d’orchestre, comme un musicien dans l’âme qu’il est. Et s’il s’échappe quelque fausse note, comme le bon Dieu, il ne déchaîne pas la foudre pour autant …
L’église paroissiale est belle, elle aussi, lumineuse, avec toutes les évocations de son origine de fille de la côte, avec les bateaux suspendus, le grand vitrail de la pêche miraculeuse, et l’évocation de Notre-Dame du Voyage, si chère aux marins. Sans oublier ses chapelles qui marquent encore fortement les villages environnants.
J’ai déjà eu l’occasion de célébrer un mariage et deux baptêmes, et c’est une grande joie de voir grandir la paroisse qui accueille un nouveau foyer, de nouveaux enfants. J’ai participé 2 fois également à l’office au Foyer-Logement, preuve que l’on n’abandonne pas non plus ceux qui sont à l’autre bout de la ligne de vie.
Oui, avec Annie mon épouse, nous rendons grâce à Dieu de nous avoir conduit dans ce si beau lieu entre Golfe, marais et campagne, et de nous avoir donné une nouvelle famille, parmi les enfants de Dieu qui sont à Séné.
Mais comme vous, je vis aussi dans ce monde qui ressemble de plus en plus à «une histoire racontée par un fou, pleine de fureur et de bruit» (Shakespeare). La guerre en Ukraine, mais aussi en Syrie, au Soudan et ailleurs, le conflit Israélo-Palestinien, me blessent à chaque coup où des innocents meurent. Le malaise français aussi frappe à ma porte. Mais je crois aussi que c’est ici, à Séné et ailleurs, que le Royaume de Dieu continue malgré tout de faire son chemin dans le cœur des hommes de bonne volonté, et que je peux y prendre ma part, comme vous, avec vous.
Merci à vous, frères et sœurs paroissiens, citoyens du ciel, d’être pour moi et pour vos prochains, ces témoins de l’amour de Dieu qui ne passera pas.

Étienne ROGINSKI – Diacre