Depuis le dimanche des Rameaux la paroisse de Séné accueille Étienne ROGINSKI, en qualité de diacre. Il quitte sa paroisse vannetaise pour celle de Saint-Patern à Séné.

LA QUESTION QUE BEAUCOUP SE POSENT, COMMENT DOIT-ON VOUS APPELER ?

Même si sur le plan canonique on peut m’appeler monsieur l’abbé, je souhaite que l’on m’appelle Étienne. J’ai été ordonné à 33 ans par l’évêque de Vannes. J’étais déjà marié avec Annie. Aujourd’hui j’ai 4 enfants et 9 petits enfants.
Je suis en retraite depuis 3 ans. J’ai fait ma carrière dans le domaine du logement social notamment au Pact Arim où j’ai exercé la direction sur le Morbihan puis chez Espacil où je m’occupais de l’accession sociale à la propriété. J’ai une formation d’architecte.
Avant de travailler j’ai été permanent au Secours Catholique, ça m’a beaucoup marqué. J’ai pu découvrir ce qu’est la pauvreté. Actuellement permanent à la Croix Rouge, je participe à servir le petit déjeuner, à permettre de prendre une douche, de laver son linge… à des gens qui sont à la rue.

QU’EST-CE QUE LE DIACONAT ?

Dès les débuts de l’Église, les apôtres avaient le rôle d’un évêque d’aujourd’hui. À cette époque les veuves, notamment les Grecques qui n’avaient pas de mari pour les protéger, étaient démunies. Les Grecques ne bénéficiaient pas de la même considération que les Juives. Les apôtres, pour ne pas délaisser leur charge d’annoncer l’Évangile, ne pouvaient pas les soutenir. Ils ont alors désigné 8 hommes dont Étienne, mon saint patron, pour cette mission. Les actes des apôtres, chapitre VI évoquent ce passage de la Bible.
Les diacres ont eu la mission de charité et de solidarité. Ils avaient en charge la prière, les baptêmes et les mariages. Au bout de quelques siècles les diacres devenaient prêtres, d’où la disparition des diacres permanents.
Ce rôle de diacre permanent a été rétabli par le concile Vatican II en 1965 avec l’idée d’avoir des représentants de l’Église dans les milieux de la recherche scientifique, notamment dans la
bioéthique, de la croyance et de la pauvreté. Ils sont proches du peuple et notamment des plus pauvres. Le concile leur donnait la possibilité d’être mariés.
Dans le diocèse il y a 72 diacres comme les 72 disciples.

QUELLES SONT VOS MISSIONS ?

Ce sont des missions de solidarité, de charité et de prière. Comme les prêtres, je récite les laudes, les vêpres, et tous les matins je prie pour le monde entier. Je prierai donc pour les Sinagots en particulier. Durant la messe, le diacre lit l’Évangile et peut prêcher. Le prêcherai la première fois à Séné, lors du Jeudi saint où Jésus évoque son rôle de serviteur «Je suis venu non pas pour être servi mais pour servir» or «diacre» veut dire «serviteur». Les diacres peuvent célébrer le sacrement du baptême et de mariage. Dès le mois de mai, je célébrerai pour la paroisse de Séné des baptêmes et des mariages.
À Séné je collaborerai avec le père Pérès avec qui je partage la passion pour la musique. J’aime aussi beaucoup chanter. Je connais bien la commune de Séné. Je suis président de l’association de mon lotissement. La première chose que j’ai faite à Séné c’est de participer au forum des associations où j’ai donné une conférence sur l’engagement dans les associations humanitaires.

POURQUOI LE DIACONAT ?

Je n’ai jamais songé à devenir prêtre. J’ai été ordonné dans les années 80 à une époque où on avait tendance à remettre en cause l’Église. Venant de Rennes, je suis arrivé à Josselin, paroisse où j’ai découvert une famille.
J’ai redécouvert l’amour de et dans l’Église. Je pense retrouver cela à Séné où les gens sont de toutes origines et de toutes sensibilités.
Dans la paroisse de Josselin des diacres sont venus témoigner. Je me suis alors intéressé au diaconat. J’ai été ordonné en même temps qu’un jeune retraité alors que moi-même j’étais un jeune actif. Quand j’ai dit oui, le Seigneur m’a donné la joie de connaître l’amour de Dieu et de le servir. L’annonce de la venue de Jésus est une source de joie. Cette bonne nouvelle est vraie pour chacun d’entre nous.

QUELLES ONT ÉTÉ LES RÉACTIONS DE VOS PROCHES ?

Pour devenir diacre il faut l’accord de la femme et des enfants. Il ne faut pas que cet engagement soit un motif de tension au sein de la famille.
Lors de l’ordination Annie a dû dire devant l’assemblée qu’elle était d’accord avec ma décision faute de quoi je n’aurais pas pu devenir diacre. On demande aux enfants mineurs d’écrire à l’évêque pour donner leurs sentiments. Mon fils avait écrit : «Je ne comprends pas tout, mais je suis d’accord !» Depuis notre mariage, on a toujours eu le désir de servir l’Église. Nous sommes diacres à vie. C’est pourquoi avant de s’engager le futur diacre doit faire une retraite de discernement en famille.

Pascal DAGOUASSAT